Présentation du projet CAMP SOOI

L’objectif du projet CAMP SOOI est de mieux comprendre le degré de connectivité qui relie les populations marines du sud-ouest de l’océan Indien afin de contribuer à dessiner un réseau d’Aires Marines Protégées (AMP) cohérent et efficace à l’échelle de cette région.
Après une étude de faisabilité d'un an en 2007-2008, le projet s'est déroulé sur 3 ans (2009-2012).

Les estimations de connectivité peuvent être appréhendées en utilisant l’outil de génétique des populations : examiner la diversité génétique existant entre populations permet d’estimer le taux de transfert d’individus et ainsi d’évaluer la connectivité entre les différentes zones, en différenciant des zones ou populations « sources » de zones ou populations « puits ».

L’étude de faisabilité, réalisée de septembre 2007 à septembre 2008, à la demande du GIP- Réserve Naturelle Marine de la Réunion, a permis de retenir les trois espèces de poissons cibles (espèces choisies en fonction de leur intérêt économique local, de leur caractère relativement sédentaire, peu propice a priori aux déplacements longs, et enfin de l’existence de marqueurs génétiques spécifiques adaptés), puis de valider les protocoles d’échantillonnage et d’analyse. Les trois espèces retenues sont  Epinephelus merra  (Serranidae),  Lutjanus kasmira  (Lutjanidae) et  Myripristis berndti  (Holocentridae). Trois sites avaient été retenus pour cette première phase d’étude : La Réunion, Glorieuses (Iles Éparses) et Mayotte. Les résultats obtenus avec le séquençage du gène mitochondrial cytochrome b permettent d’esquisser l’histoire de la colonisation du SOOI par ces espèces, avec une phase d’expansion récente importante pour L. kasmira alors que la colonisation par les deux autres espèces semblent être plus ancienne. D’autre part, ces trois espèces montrent des similarités dans les patrons d’échanges actuels, avec un isolement marqué entre les sites de La Réunion et des Glorieuses, alors que les populations de poissons de ces deux sites ne semblent pas être isolées de celles de Mayotte. Si ces premiers résultats, obtenus sur trois sites seulement, doivent être considérés avec prudence, ils permettent néanmoins de visualiser l’intérêt que peut présenter l’outil de génétique des populations pour évaluer les niveaux d’échanges inter sites à l’échelle du SOOI.

 

L’objectif du projet CAMP est donc, sur la base de cette étude de faisabilité, d’élaborer une stratégie régionale d’échantillonnage (à l’échelle du SOOI), reposant sur l’outil de génétique des populations appliqué aux trois espèces cibles et qui permettra de préciser l’historique de colonisation des îles du secteur d’une part, et, d’autre part, de cerner les voies d’échange actuelles entre populations. Enfin, en plus du marqueur mitochondrial utilisé lors de la phase préliminaire, l’utilisation d’un second marqueur génétique, de type nucléaire (microsatellites) permettra de mieux quantifier et affiner les échanges actuels entre les différentes zones échantillonnées.

Ce projet est aujourd’hui terminé et soumis aux partenaires financiers que sont le Conseil Régional de la Réunion, l’Union Européenne (fonds POCT-OI de coopération régionale, et fonds REG-POT d’aide au développement), l’Etat et le WIOMSA (Western indian Ocean Marine Science Association). Il a bénéficié du soutien de l’Agence française des aires marines protégées.

Il s'est déroulé sur 3 ans (juin 2009-juin 2012), et comprenait 3 parties:

  1. Echantillonnage dans le SOOI par les différents partenaires scientifiques ou gestionnaires d’AMP (SAIAB d’Afrique du Sud, SFA des Seychelles, Parc Marin de Mohéli aux Comores, Réserve Marine de la Réunion, Mauritius Oceanography Institute, Terres australes et antarctiques françaises, IRD)
  2. Analyses génétiques des échantillons
  3. Synthèse des résultats et élaboration d’un document d’aide à la gestion et à l’implantation des AMP dans le SOOI.

La réalisation d’un tel projet, à l’échelle régionale, n'a pu être réalisé que grâce à une coopération forte entre les différents pays partenaires. L’intégration de l’ensemble de ces résultats (3 espèces, 12 sites, 2 marqueurs génétiques) a permis de cartographier les échanges et de statuer sur l’isolement ou la connectivité de chacun des sites, et donc d’apporter des éléments de réflexion quant au dessin du réseau d’AMP à développer (pour accéder au bilan de ce projet : cliquer ici).