Base de Donnée SIG Tortues Marines du Sud Ouest de l'Océan Indien - TORSOOI

 

TORSOOI

Pour accéder à la base de données TORTUES MARINES du sud ouest de l'océan Indien, cliquer ici.

Les tortues marines sont des espèces migratrices, à maturité tardive et qui occupent au cours de leur cycle biologique des habitats diversifiés (plages, pleine mer, mangroves, platiers, herbiers marins,...) répartis sur une zone géographique très étendue. Les populations des cinq espèces de tortues marines présentes dans le Sud Ouest de l’Océan Indien (SOOI) (tortues verte, imbriquée, caouanne, olivâtre et luth) sont inscrites comme vulnérables, menacées d’extinction ou gravement menacées d’extinction sur la Liste Rouge des espèces menacées de l'UICN ( Union Internationale pour la Conservation de la Nature), et bénéficient de mesures de conservation dans le cadre de la convention internationale CITES-CMS ( Convention on International Trade in Endangered Species - Convention on Migratory Species) et régionale IOSEA-MoU ( Indian Ocean – East Asian Marine Turtle Memorandum of Understanding). La survie de ces cinq espèces fragiles, dont les populations se répartissent dans plusieurs pays qu’elles traversent au gré de leurs migrations de reproduction, dépend de l’application de mesures de conservation dans une vaste zone incluant tous les habitats marins et côtiers qu’elles occupent au cours de leur cycle biologique. En protégeant ces espèces et les espaces dans lesquels elles évoluent, c’est une grande partie de la biodiversité de ces milieux qui bénéficiera de cette préservation. Car si l’environnement impacte sur la biologie et le comportement des tortues marines, ces dernières jouent également un rôle important dans l’équilibre des écosystèmes qu’elles fréquentent. L’exemple des tortues vertes, seule espèce herbivore à l’âge adulte, illustre bien ce propos. En broutant les herbiers de phanérogames ou d’algues marines, elles jouent un rôle primordial dans la structure et le maintien de la diversité spécifique des herbiers, et par conséquent, dans la biodiversité des espèces qui y sont associées. En entretenant la variété des habitats au sein de l’herbier, les tortues vertes favorisent la biodiversité générale de cet écosystème.

Le SOOI est une zone regroupant un grand nombre d’habitats propices à la reproduction et au développement des tortues marines, et plusieurs études menées par Kélonia et l’Ifremer ont déjà mis en évidence que cette zone accueillait des populations importantes de tortues vertes et imbriquées. Elle constitue notamment une zone exceptionnelle de brassage génétique pour les tortues vertes issues de l’Atlantique et de l’Indo-Pacifique. Cette région est donc primordiale pour la conservation des tortues marines et de leurs habitats. La valorisation des données recueillies dans le cadre de programmes de coopération bilatérale pour le suivi des tortues marines montre l’intérêt de spatialiser les données dans un Système d’Information Géographique (SIG) régional pour une meilleure compréhension de la biologie de ces espèces et pour sensibiliser le public, les gestionnaires, et les décideurs à leur gestion et à celle de leurs habitats. Dans ce contexte, nous souhaitons développer un projet visant à améliorer les connaissances sur les aires de répartition spécifiques et les sites d’intérêt prioritaire pour la conservation des tortues marines et de leurs habitats, au niveau local et dans le SOOI, par la mise en œuvre d’une base de données régionale et d’un SIG dédié. Ces outils de pointe, utilisés dans de nombreux domaines, sont aujourd’hui incontournables et indispensables pour optimiser la conservation de ces espèces aux échelles régionale et locale.

Ce projet fonctionnera selon un consortium associant Kélonia, l’Ifremer de La Réunion, et les laboratoires IREMIA ( Institut de Recherche en Mathématiques et Informatique Appliquées) et CREGUR ( Centre de Recherche et d’Etudes en Géographie de l’Université de la Réunion). Kélonia sera le maître d’ouvrage et le gestionnaire de ce projet. L’Ifremer, initiateur en 1972 des programmes de suivi des tortues marines et intervenant depuis 1997 en appui scientifique de Kélonia sur ces programmes, apportera son expertise et l’expérience acquise (données et méthodologie) concernant le suivi des populations. L’Université de La Réunion apportera son soutien et son expertise scientifiques dans la réalisation des différents outils (base de données, SIG, interfaces Web) développés dans ce projet.

 Pour en savoir plus :
 - Télécharger en pdf le application/pdf MEMORANDUM D'ENTENTE SUR LA CONSERVATION ET LA GESTION DES TORTUES MARINES ET DE LEURS HABITATS DE L'OCEAN INDIEN ET DE L'ASIE DU SUD-EST 
 - Télécharger le dépliant en pdf : application/pdf Dépliant TORSOOI 
 

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Objet, objectifs poursuivis, résultats attendus et indicateurs :

Objet

 Depuis 1972, les tortues marines font l’objet de suivis dans la région SOOI (Ifremer Kélonia). D’autres études sont en cours aux Seychelles, en Afrique du Sud et à Madagascar par d’autres organismes et instituts de recherche. Ces études ont permis d’accroître les connaissances sur la répartition de ces espèces, leur biologie et leur comportement. Cependant, ces études ont souvent été menées indépendamment les unes des autres et selon des protocoles très hétérogènes. À l’heure actuelle, il existe donc un grand nombre de données sur les tortues marines dans le SOOI, mais leur dispersion et leur hétérogénéité ne permettent pas d’avoir une vision régionale de l’état de conservation de ces espèces, et, par conséquent, de proposer des axes prioritaires pour une stratégie globale de préservation. Les études en cours et les programmes qui seront mis en place dans le futur contribueront à élargir les connaissances sur les tortues marines et à alimenter la base de données développée au cours de ce projet. C’est notamment le cas du programme de génétique démarré en 2004 par l’Ifremer et Kélonia qui a fait l’objet d’une étude préliminaire puis d’une thèse régionale sur les tortues vertes avec financement européen, et sera poursuivi sur la tortue imbriquée dans le cadre d’une autre étude. Le projet «SWIOFP ( South West Indian Ocean Fisheries Project)–Tortues marines» d’étude régionale des déplacements océaniques par le déploiement d’une centaine de balises Argos à venir (période 2008-2011), mené par l’Ifremer et Kélonia, contribuera à améliorer les connaissances sur les migrations des tortues marines.
 Compte tenu du contexte actuel, il est indispensable de mettre en place des outils d’aide à la décision adaptés pour fédérer les équipes travaillant sur les tortues marines et ainsi, renforcer le réseau d’échange régional existant. C’est au travers de ce partage de l’information et de partenariats forts que l’on pourra connaître le statut exact de ces espèces dans la région, en vue de proposer des axes prioritaires pour la stratégie de conservation des tortues marines. Afin de répondre à cette problématique, deux outils sont aujourd’hui nécessaires et complémentaires :
 

  1. La base de données commune aura vocation à centraliser l’ensemble des données récoltées par Kélonia et l’Ifremer sur les territoires français de l’océan Indien. Elle pourra également intégrer les données résultant des programmes menés avec les équipes de la région, et ainsi les rendre homogènes. Ces données sont relatives aux principaux indicateurs de l’état de santé des tortues marines (comptages de traces et de nids, marquages et relectures, comptages d’individus le long des côtes, mortalités…). Cette base de données sera construite de manière à permettre l’accueil de nouveaux partenaires dans le futur et aura, à long terme, vocation à centraliser les données existantes sur les tortues marines dans toute la zone SOOI. Elle devra être compatible avec d’autres bases de données (ETIC ( Environnement Tropical Insulaire – Technologie de l’Information et de la Communication), IOSEA...) dans le cadre de la mise en réseau des connaissances sur la biodiversité des écosystèmes de l’océan Indien, ainsi que dans celui du Sinpmer.
  2. Le SIG à plusieurs échelles constituera un outil de synthèse et d’aide à la décision important. Grâce à la spatialisation des données biologiques dans le contexte environnemental de leurs habitats aux échelles locale et régionale, il permettra de comparer les méthodes de suivi utilisées et d’identifier les zones de conservation prioritaires pour ces espèces à prendre en compte dans les décisions d’aménagement (ZNIEFF ( Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique) marines et terrestres). Cet outil fournira donc une représentation synthétique et imagée exploitable en terme de gestion pour le suivi de l’impact des actions de conservation et de valorisation des connaissances acquises. Ce SIG utilisera les référentiels locaux pour permettre une cohérence avec les différents programmes réunionnais en cours et une éventuelle intégration des données dans le cadre d’un SIG global réunionnais ou régional.

 

Suite à la mise en place de ces outils, l’exploitation des données centralisées permettra de réaliser une synthèse régionale de :

  • l’état de santé des populations de tortues marines actuellement suivies dans les pays partenaires suivant différentes échelles spatio-temporelles ;
  • la variation spatiale de la biodiversité fonctionnelle et génétique, qui permettra de mettre en évidence les «hot-spots» des tortues marines dans le SOOI ;
  • la variation temporelle de la fréquentation des habitats ;
  • l’impact des activités humaines et des perturbations naturelles sur les populations de tortues marines et de leurs habitats ;
  • l’impact des actions de valorisation et de protection des tortues marines et de leurs habitats. 

 Cette synthèse conduira à l’établissement d’un bilan du statut des tortues marines dans les pays partenaires et à l’échelle du SOOI en vue proposer des axes de conservation prioritaires aux décideurs, et de communiquer et valoriser les résultats auprès du grand public pour une sensibilisation et une appropriation des enjeux de la biodiversité. Ces données pourront être intégrées dans des SIG «globaux» grâce à l’utilisation de logiciels compatibles. C’est en effet en ayant une vision globale et par l’information que l’on pourra agir pour un développement harmonieux des activités humaines et de la conservation des tortues marines et de leurs habitats.
 Au travers de ce projet, les partenariats engagés par Kélonia et Ifremer dans la région (Madagascar, Mayotte, Comores, Seychelles) pourront être renforcés grâce à la mise en réseau de ces outils via Internet. La Réunion sera ainsi placée au centre de ce réseau d’étude des tortues marines du SOOI, favorisant son rayonnement scientifique et technologique dans la région.
 

Une étude de faisabilité, co-financée par Kélonia et le programme ETIC (IREMIA-CREGUR Université de La Réunion), a été réalisée en vue de préparer les cahiers des charges de la base de données régionale et du SIG ainsi que leur mise en ligne. Deux ingénieurs ont été recrutés pour une durée totale de 6 mois, et les chercheurs des différents organismes impliqués dans le projet ont mis à disposition une part de leur temps de travail dans la réalisation de cette pré-étude. De plus, un travail approfondi a été réalisé en collaboration avec l’entreprise AxeDesign afin de définir précisément les étapes de construction de la base de données et les meilleures applications pour une fonctionnalité adaptée. Cette étude a permis de cadrer et d’orienter le développement de ces outils afin d’optimiser leur utilisation par tous les partenaires et leur efficacité pour l’étude et la conservation des tortues marines, et aussi de permettre l’intégration de ces outils aux programmes réunionnais en cours et à venir.

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 Objectifs poursuivis

 L’objectif général du projet consiste à orienter et coordonner les programmes de suivi des tortues marines dans le SOOI en mettant en place des outils de gestion et de communication adaptés aux problématiques des tortues marines et au contexte régional. D’un point de vue scientifique, ce projet vise à améliorer les connaissances sur ces espèces, leurs habitats, leurs aires de répartition, et les zones de conservation prioritaires et ce, dans l’optique de mettre en place une stratégie de conservation opérationnelle aussi bien à l’échelle locale que régionale.
 En d’autres termes, il s’agira de :
 

  1. Homogénéiser les protocoles de collecte, de saisie et d’analyse, et déterminer, parmi les données centralisées à La Réunion (Réunion, îles Éparses, Mayotte, Mohéli, Madagascar), les meilleurs indicateurs de l’état de conservation des tortues marines et de leurs habitats et les suivis à pérenniser et fiabiliser ;
  2. Spatialiser l’information par le développement d’outils de synthèse et d’aide à la décision novateurs dans le domaine des tortues marines, et permettant de visualiser les problématiques abordées ;
  3. Développer un réseau fonctionnel, cohérent et pérenne d’étude des tortues marines dans la région et affirmer le rôle de La Réunion comme centre de compétences ;
  4. Mettre au point des outils pédagogiques permettant la communication et la valorisation de résultats scientifiques au grand public ;
  5. Susciter, grâce à ce projet, de nouveaux partenariats régionaux autour du développement de ces outils pour élargir le réseau de protection de la biodiversité ;
  6. Alimenter les systèmes d’information sur l’environnement et la biodiversité.

 

Ce projet s’intègre au niveau local dans plusieurs objectifs de la stratégie réunionnaise pour la biodiversité :

  • Poursuivre la mise en œuvre des plans de conservation existants et élaborer des plans de conservation visant à préserver les espèces les plus menacées (terrestres, marines, dulçaquicoles) en maintenant ou restaurant à l’état de population viable leurs effectifs ; assurer le suivi ;
  • Définir une stratégie de protection des habitats et des espèces dans un réseau fonctionnel d’aires protégées ;
  • Mieux connaître la fonctionnalité et la vulnérabilité des écosystèmes, afin de prioriser les actions de gestion.

 

Mais aussi au niveau local et régional dans les objectifs du plan d’action de l’IFRECOR ( Initiative française pour les récifs coralliens) pour plusieurs actions :

  • Mettre en place un réseau de suivi de l'impact des activités humaines sur les écosystèmes marins ;
  • Réaliser des synthèses des connaissances afin de mieux valoriser les acquis et de les diffuser dans le système d'information ;
  • Sensibiliser les réunionnais et les touristes à l'importance de gestes quotidiens responsables et citoyens pour contribuer à la préservation de l'environnement marin.

 

De plus, ce projet s’insère au niveau régional dans le Plan de Conservation et de Gestion des tortues marines établi dans le cadre du Mémorandum d’Accord sur la conservation et la gestion des tortues marines et de leurs habitats de l’Océan Indien et de l’Asie du Sud-Est (IOSEA-MoU), dont l’objectif est de protéger, conserver et reconstituer les populations de tortues marines et leurs habitats, en se basant sur les données scientifiques les plus fiables, en tenant compte de l'environnement et des caractères socio‑économiques et culturels des Etats signataires. Il répond à deux des objectifs définis dans le cadre du plan de conservation et de gestion :

  • Améliorer la compréhension de l’écologie et des populations de tortues marines par l’intermédiaire de la recherche, de la surveillance et de l’échange d’informations ;
  • Augmenter la sensibilisation du public aux menaces pesant sur les tortues marines et leurs habitats et accroître la participation du public dans les activités de conservation.

 

 Résultats attendus

Les attentes au niveau local sont de mettre en place des outils de protection et de valorisation des tortues marines qui feront de La Réunion le coeur du réseau d’étude des tortues marines dans le SOOI, et confirmeront son rôle de pôle de compétence régional. D’une manière plus globale, les résultats attendus de ce projet concernent différents thèmes complémentaires (écologie, technologie, gestion, communication, valorisation) dont la prise en compte est indispensable pour une optimisation de la gestion et de la conservation des tortues marines et de leurs habitats, à savoir :

  • Positionner La Réunion comme acteur leader du réseau régional «tortues marines» ;
  • Réseau régional opérationnel au travers de la mise en place d’outils communs – la base de données régionale et le SIG – dans le cadre de problématiques communes ;
  • Mise en place effective des outils de travail facilitant les échanges entre les équipes scientifiques travaillant sur les tortues marines dans la région SOOI ;
  • Utilisation de l’analyse spatiale comme outil d’aide à la décision et support pour les gestionnaires ;
  • Synthèse des connaissances sur la biologie et l’état de conservation d’espèces protégées et de leurs habitats ;
  • Valorisation à travers la diffusion des connaissances acquises, sensibilisation du grand public aux patrimoines naturels et culturels associés aux tortues marines, et développement de l’écotourisme ;
  • Durabilité des modes de valorisation des tortues marines et de leurs habitats ;
  • Présentation à d’autres pays avec lesquels des collaborations ne sont pas engagées, en vue de leur intégration à des pôles de compétence régionaux et pour un développement harmonieux de la zone Océan Indien. 

 

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