Le Parc naturel marin de Mayotte

Crée en 2010, le Parc naturel marin de Mayotte couvre une surface de près de 69 000 km² englobant le lagon, les eaux territoriales et la zone économique exclusive de Mayotte. Les actions du Parc sont guidées par son plan de gestion, feuille de route sur 15 ans, visant à concilier la protection de la biodiversité et le développement durable des activités. Gouverné par les acteurs du territoire réunis dans un conseil de gestion, le Parc fait partie de l’Office français de la biodiversité qui lui fournit ses moyens d’action.

Parmi les 6 espèces de tortues marines recensées dans les eaux françaises, 5 sont présentes dans les eaux du Parc. La plus abondante est la tortue verte (Chelonia mydas) qui s’observe massivement en phase de ponte sur les plages mahoraises mais également en phase de nourrissage sur les herbiers intertidaux. A l’échelle régionale, des études sur les trajets migratoires et la diversité génétique soulignent également l’importance de Mayotte dans le nord du canal du Mozambique pour préserver le stock Indopacifique.

L’ensemble des actions du Parc sur les tortues marines répondent à des objectifs de sensibilisation et d’éducation, de mobilisation des acteurs, d’acquisition des connaissances et de régulation des pressions impactant les habitats et les espèces. Le Parc est notamment acteur du Réseau Echouage Mahorais de Mammifères marines et de Tortues marines (REMMAT) et en assure l'animation. Dans ce cadre, avec les autres membres du réseau, il participe activement à la lutte contre le braconnage, identifié comme la principale menace pour les tortues à Mayotte. Sur le territoire, les déchets représentent aussi une menace importante pour les écosystèmes marins. Afin d’identifier des causes de décès liées à cette pollution, des prélèvements des contenus digestifs de tortues mortes sont effectués dans le cadre de l’Observatoire des Déchets Marins.

Concernant l’acquisition de connaissances, le Parc réalise plusieurs suivis sur les populations et les habitats essentiels au cycle de vie des tortues. Ainsi depuis 2015 un suivi terrestre sur la plage de Titi Moya vise à étudier la fréquentation locale des populations de femelles en ponte, évaluer le succès de ponte et la proportion en tortues vertes et imbriquées qui fréquentent cette plage. Parallèlement depuis 2019, afin d’avoir une vision globale des populations en ponte sur le territoire, un suivi aérien des traces de femelles en ponte est mené tous les 15 jours sur les 210 plages de l’île.

Grâce à ces données, des zones de hotspot ont pu être identifiées avec, à titre d’exemple, la zone de Saziley qui concentre 35 % de l’ensemble des traces recensées. En Petite Terre, Moya 1 et Papani représentent 16 % de toutes les traces observées sur ce secteur. En considérant l’ensemble des données acquises sur la totalité des plages de Mayotte ces deux zones représentent à elles-seules plus de 50%  des traces de tortues marines comptabilisées.

Parallèlement aux habitats de ponte, la préservation des habitats d’alimentation tels que les récifs coralliens ou les herbiers est un enjeu essentiel afin de préserver les populations de tortues marines. Depuis 2020, le Parc réalise annuellement un suivi des herbiers intertidaux sur 4 zones connues pour leur rôle de nourricerie. Des travaux sont en cours afin de dresser l’état de cet écosystème et de déterminer les origines des variations de cet état.

Dans la continuité des travaux sur l’usage des habitats, le projet Indian Ocean sea Turtle (IOT) permet d’améliorer nos connaissances sur les habitudes alimentaires, de repos et de déplacement de tortues juvéniles, vertes et imbriquées. Pour cela, le projet repose, premièrement sur le développement d’une nouvelle génération de balises et de stations de réception innovantes à faible coût et en libre accès (open source). Ce développement technologique permettra au projet d’atteindre son second objectif : créer le 1er réseau d’observation régional des mouvements des tortues marines à l’échelle du bassin sud-ouest de l’océan Indien au travers d’une coopération scientifique régionale.

En 2021, une collaboration entre le Parc, le Conseil départemental de Mayotte et l’association Oulanga Na Nyamba lors de deux missions IOT, a permis d’équiper 6 tortues vertes juvéniles sur le site de la vasière des Badamiers (3 vertes et 3 imbriquées) et 4 individus sur N’gouja. En parallèle, l’installation de deux nouvelles antennes LoRa (Long Range) permet d’assurer la bonne réception des données.

Les balises des quatre tortues équipées à N’gouja sont toujours en fonctionnement et les premières données des déploiements sont d’ores et déjà disponibles.

Celles-ci, une fois analysées, fourniront les schémas des déplacements ainsi que les zones occupées par les jeunes tortues pour l’alimentation et le repos. Ces résultats appuieront les décisions pour  la mise en place de mesures de gestion.  Enfin dans la continuité de cette étude, la formation des partenaires mahorais par l’équipe de l’Ifremer aux activités de marquage permettra éventuellement d’étendre la collecte de données sur d’autres sites de Mayotte, île connue pour la complexité de ses habitats.