Quels sont les impacts de la pêche thonière à la senne sur les tortues ?

Les chercheurs s’interrogent sur plusieurs menaces qui pèsent sur les tortues. Quid de l’impact de la pêche thonière à la senne ?

La pêche à la senne se déroule à bord de thoniers-senneurs, des navires puissants pouvant atteindre plus de 100 mètres de longueur, utilisant des filets (les "sennes") de plus de 1,5km de long et ciblant les thons tropicaux. Afin d’optimiser les captures, cette pêche industrielle au thon utilise notamment des dispositifs de concentration de poisson (DCP), des systèmes flottants au milieu de l’océan servant à attirer les grands poissons pélagiques et particulièrement les thons tropicaux. Ces méthodes sont souvent accusées de générer des captures accidentelles importantes.

Un groupe de chercheurs de l’Ifremer, de l’IRD, de l’IEO et de l’AZTI a étudié leur impact sur les tortues marines dans l’océan Indien et dans l’Atlantique. Leurs résultats sont parus aujourd’hui dans la revue scientifique "Biological Conservation", publiée par Elsevier Science.

 

Les scientifiques ont ainsi analysé 15 913 données collectées entre 1995 et 2011 par des observateurs embarqués à bord des thoniers-senneurs européens. Pour l’océan Atlantique et l’océan Indien, cela représente respectivement 10,3% et 5,1% de la totalité de cette activité de pêche réalisée pendant cette période. En parallèle, de 2003 à 2011, 14 124 observations liées aux dispositifs de concentration de poisson (DCP) ont été réalisées pour vérifier si les tortues étaient prises dans les filets des DCP.

Le résultat de l’étude n’est pas une surprise pour les chercheurs : "Globalement, l’impact de la pêche à la senne est très faible sur les captures des six espèces de tortues marines présentes dans ces océans. Seulement un petit nombre de tortues restent coincées dans les filets" explique Jérôme Bourjea, premier auteur de la publication. "En plus, 75% des tortues pêchées accidentellement ont été relâchées vivantes".

Quid de l’impact des DCP sur ces espèces menacées ? "Les DCP attirent en effet des jeunes tortues marines qui peuvent se retrouver prises dans les filets utilisés pour fabriquer ces DCP. Mais dans l’ensemble, cela joue un faible rôle dans les captures accidentelles. Par ailleurs, depuis 2013, la flottille européenne a modifié la construction de ces DCP pour éviter que les tortues s’emmêlent dans les filets. Les premiers retours que nous avons semblent très positifs !" ajoute Jérôme Bourjea.